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16 Feb

"Que ta volonté sois faite " de Maxime Chattam (2015)

Publié par Benedict Mitchell  - Catégories :  #Alcôves

"Que ta volonté sois faite " de Maxime Chattam (2015)

20. Un chiffre important et encore un cap de passé pour celui qu'on surnomme déjà le " Stephen King " français ... Pour cet " anniversaire " Maxime Chattam décide de nous emporter bien plus loin que ce à quoi il nous avait habitué, en nous délivrant un livre noir (et non un thriller) qui jusqu'à son écriture rompt avec ce qu'il avait fait jusque là. Et l'auteur nous vend ce livre avec des promesses alléchantes : dresser le portrait de l'être le plus maléfique qui soit ... Jon Petersen.

< Synopsis >

" Les enfants de toute l'Amérique avaient le Croquemitaine pour se raconter des histoires qui font peur, à Carson Mills, ils avaient Jon Petersen. »

Pour son vingtième roman, Maxime Chattam dresse le portrait d'une petite ville du Midwest américain des années 60 jusqu'au début des années 80, avec pour fil rouge l'évolution de Jon Petersen : pervers psychopathe, de son enfance jusqu'au point culminant de sa sinistre carrière criminelle.

Un roman noir à l'écriture et à l'atmosphère uniques dans la carrière de l'auteur, où tout converge vers un final aussi étonnant qu'imprévisible. Que ta volonté soit faite est non seulement un voyage à Carson Mills, mais aussi dans ce qui constitue l'essence même du roman policier, la vérité et le crime. Nourri de ses lectures de Stephen King, Maxime Chattam s'inscrit ici dans la filiation de Jim Thompson et de D.R. Pollock dont Le diable tout le temps ne laissait pas indemne.

Dix ans après la parution de son premier roman L'Âme du mal, qui lui valut de s'imposer immédiatement comme l'un des maîtres incontestables du suspense, dont l'imagination intarissable est régulièrement saluée par la presse, Maxime Chattam renoue avec le thriller après le succès de la série fantastique Autre-Monde (plus de 600 000 exemplaires vendus).

Auteur de plus d'une quinzaine de romans, Maxime Chattam est aujourd'hui traduit en plus de 15 langues et a vendu à plus de 4,5 millions d'exemplaires en France depuis ses débuts. "

La 4ème de couverture, de même que la magnifique couverture qui attire l'oeil dès le premier regard, sont alléchantes et pleines de promesses .... On se jette à corps perdu. Et puis voilà, il y a parfois des livres dont on sort déçu ... et pour lesquels on ne sait pas dire si on a aimé ou détesté. Oui, je savais que j'allais entrer dans quelque chose de différent de ses livres précédents. Mais dès le premier chapitre, je sens que j'embarque pour un voyage que je n'ai pas très envie de faire. Je traîne les pieds et chaque soir, je devrais me forcer à ré-ouvrir ce livre ... Le premier chapitre passé, je jette le livre par terre (véridique). Pas de spoil ici, même si les médias s'en sont déjà chargés. Mais si pour vous la cruauté animalière est intolérable, vous aurez du mal à garder votre calme. Alors oui, Jon Peterson est le Mal Absolu, ou du moins c'est ce que tente de nous faire croire Maxime Chattam. Personnellement il ne m'a pas vraiment effrayé, je trouve qu'Hannibal Lecter, Patrick Bateman sont bien plus " maléfiques " ... Oui Petersen est né dans le sang et le Mal l'a toujours habité. Oui il aime torturer les animaux, les insectes, les femmes ... c'est une pourriture, très certainement. Ici nous sommes face à un schéma manichéen classique : le Bien contre le Mal. Et cette question si chère à l'auteur : qu'est-ce qui fait de nous des êtres maléfiques ? Est-ce qu'on nait avec le Mal en soi ? Est-ce qu'il peut se transmettre ?

De plus, cette fin si surprenante et le rapport lecteur/écrivain/narrateur ... intéressante. Parce que oui, il y a un narrateur dans ce livre et vous serez perdu tout au long de la lecture : qui est-il ?

Cette fin m'a déçu énormément au premier abord, je ne le nie pas. J'ai éclaté de rire, me demandant si c'était une blague, et si tel était le cas alors elle était sacrément de mauvais goût ! Mais après cette impression s'est effacée, j'ai continué à penser au livre, à son dénouement et il m'est apparu, en me confrontant aux réactions d'autres lecteurs, que j'étais passée à côté de quelque chose. Ce qui appelle à une seconde relecture dans laquelle finalement j'ai compris réellement qui se cachait derrière le final et tout ce qu'il implique ... je n'en dirais pas plus histoire de ne pas casser le suspens si l'aventure vous tentait un jour ...

Enfin, l'écriture du livre contraste avec ce qui a été écrit avant : très soutenue et des descriptions qui s'éternisent. J'ai même honte de l'avouer mais je suis tombée sur 2-3 mots dont je ne connaissais pas le sens (alors que j'ai suivi une formation littéraire, le comble). Tout cela pour dire que le style est très lourd, et redondant. Mais Maxime Chattam se défend en disant avec toute la modestie qu'on lui connait, que cette histoire il a eu envie de la raconter de cette façon-là. ça n'était en aucun cas un désir pédant de viser des prix d'écriture et d'abuser des figures de styles ... Ok, mais bon, s'il te plaît Maxime, ne recommence plus, nous te préférons avec plus de simplicité linguistique même si c'est bien écrit quand même. Faut juste pas trop en faire.

Ma note : 3/5

A la base, j'aurais mis 1/5 mais j'ai revu ma note à la hausse car ça n'est pas un mauvais livre. D'un point de vue personnel je n'ai pas accroché sur les personnages (et en particulier Jon Petersen). Effectivement on retrouve l'empreinte indélébile de Stephen King et de ces grands auteurs américains dont Chattam a relu les oeuvres (Steinbeck ...) et pour celles et ceux qui n'aiment pas trop le sanglant ou n'y sont pas habitués oui le livre fait très peur. Personnellement il ne m'a pas empêché de dormir (contrairement à " La Théorie Gaïa " ou " La Trilogie du Mal ", " La Conjuration Primitive " et sa suite " La Patience du Diable " ) et je n'ai pas été happé par le récit. Pas envie de passer une nuit blanche dessus, je préférais de loin dormir alors que pour ses autres titres c'était tout le contraire. Mais je ne me fais aucun soucis, il sera un best-seller à n'en pas douter. L'essentiel c'est qu'il se soit fait plaisir en l'écrivant et c'est le cas d'après ce que j'ai pu lire et entendre de ses dernières interventions médiatiques.

< Extraits >

" Les églises sont des aimants.(...). Que vous soyez religieux ou pas, consciemment ou pas, ces sanctuaires injectent en vous le doute, la possibilité d'une probité supérieure, d'un jugement omniscient, et donc ils contribuent à faire de vous un être moral, au-delà même des lois qui ne sont que les marqueurs de nos tolérances. "Dans l'hypothèse où" suffit à recadrer la notion de bien et de mal dans les esprits de chacun. Les églises sont ainsi le mortier de la civilisation. "

(...)

" - Monsieur Petersen, je crois qu'il vaudrait mieux que je parte...
Il lui barrait la route et son regard était si noir et si profond qu'il engloutissait toute la pièce. Faire un pas dans sa direction revenait à se jeter dans le vide, aussi Maple recula, lentement, jusqu'à se cogner au vieux poêle à bois. Dans les histoires pour enfants que sa soeur aînée lui racontait le soir, lorsqu'elles se cachaient sous la couverture pour lire à la lueur d'une lampe électrique, les poêles servaient à cuire les petites filles dans son genre, quand les hommes dans le genre de Jon Peterson laissaient tomber leur masque affable pour dévoiler leur sourire carnassier fait de dents pourries et pointues comme des hameçons. Mais Maple savait aussi qu'elle n'était pas dans un conte, parce que Jon ne portait pas de masqu
e. "

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Chers aventuriers égarés, bienvenus dans mon royaume souterrain où le Chaos, les Ténèbres et la Folie sont les seuls maîtres à bord ...