Interview - Prix Découverte MINES NOIRES : Solène Bakowski, un sac de talent bien rempli !
Bonjour Solène,
Bienvenue à toi.
Merci beaucoup pour cette invitation. Et pour cette sélection ! Je suis très flattée !
Alors, dis-nous qui tu es ?
Je vis à Paris avec mon mari, ma fille et mon chien. Anciennement Professeur des écoles, j'ai aujourd'hui la chance de me consacrer entièrement à l'écriture. Je bois beaucoup de Ricorée, je donne des surnoms à ma voiture et je déteste avoir froid. Plus sérieusement, j'ai à ce jour publié cinq romans, Un sac (Milady thriller, 2017), Parfois on tombe (Favre, 2014), Chaînes (2015), Une bonne intention (Autoédition 2017, sortie poche chez Bragelonne en mars 2018) et Avec elle (Autoédition 2017).
Pourquoi l'écriture ?
Parce que ça me fait du bien et que c'est un des seuls domaines dans lequel je peux tout contrôler. Sans doute parce qu'aussi il y a urgence, pour moi, à sortir ce qui gravite dans ma tête, sous peine, sinon, que ça implose...
Pourquoi le thriller ?
Lorsque j'ai commencé à écrire, je ne me suis pas dit « Tiens, je vais écrire du thriller ». En fait, j'ai écrit une histoire, sans m'inquiéter de la catégorie dans laquelle elle allait être rangée. Or, Un sac s'est avéré être un roman trop noir pour être placé en littérature générale. Et, à l'instar de celui-ci, comme mes romans sont souvent très sombres, on les range sous cette étiquette.
Un sac est ton premier roman. Comment t'est-il venu ?
Un sac, c'est d'abord un personnage, celui d'Anna-Marie Caravelle. C'est elle qui est arrivée en premier et qui m'a, si je puis dire, raconter son histoire.
Je me souviens parfaitement du jour où j'ai écrit les premières lignes de ce roman. Je venais de me disputer avec ma mère (je précise que ma mère et moi avons une relation très fusionnelle et que nos disputes sont à la mesure de notre proximité) et j'ai ressenti l'envie irrésistible de mettre en scène un personnage féminin dévorée, au sens figuré, par sa mère. Puis, assez vite, l'histoire a pris une autre tournure, celle d'une tueuse en série...
Ton roman n'en est pas vraiment à ses débuts. Il a eu une vie avant, non ? Peux-tu nous en dire plus sur son étonnant destin ?
Un sac est d'abord sorti en autoédition sur Amazon. Là, il a attiré quelques milliers de lecteurs, pour mon plus grand étonnement. Quelques mois après sa parution sur internet, il a reçu le Prix spécial du jury Amazon, ce qui lui a donné une visibilité nouvelle et a attiré l'oeil de certains éditeurs. Et c'est ainsi que mon éditrice et moi avons choisi d'offrir à ce roman une vie en librairie.
Alors Un sac est un roman choc. Il ne laisse pas le lecteur de marbre, notamment à cause de son héroïne. Pourquoi avoir fait en sorte qu'on la haïsse viscéralement ? Puis, par moments, qu'on se surprenne à la comprendre, voire même à l'excuser ?
Je pense que cela vient du fait que je ne suis pas très manichéenne dans la vraie vie. Pour moi, les gens ne sont jamais complètement noirs ou complètement blancs, ça tire plutôt vers le gris. Comme Anna-Marie Caravelle en somme. Si elle a ses travers et commet des actes répréhensibles, elle est pourtant capable d'un amour absolu et désintéressé. J'imagine que ce qui la rend sympathique par moment, c'est l'impression qu'on a qu'elle subit bien plus qu'elle ne cherche.
Est-ce que pour toi « les histoires d'amour finissent toujours mal » ?
Je ne voudrais pas plomber l'ambiance mais parce qu'elles se terminent toujours d'une façon ou d'une autre, alors oui, je pense que les histoires d'amour finissent mal. Désolée...
Est-il nécessaire de s'en prendre à des êtres sans défenses au nom de l'intrigue ou pour donner davantage de profondeur aux personnages ?
Sans doute pas, d'ailleurs je n'aime pas la violence gratuite dans les romans en général.
Mais il y a des étapes dans la construction mentale des tueurs en série. Par exemple, la maltraitance des animaux semble être, je n'irai pas jusqu'à dire une constante, je n'ai évidemment pas les connaissances nécessaires pour affirmer cela, mais en tous cas quelque chose d'assez répandu chez les futurs tueurs en série.
En ce qui me concerne, écrire de telles scènes me pèse, je ne le fais jamais de gaieté de cœur (j'aime profondément les animaux et ne supporte pas qu'on leur fasse du mal). Si je me soumets à l'exercice, c'est parce que j'ai le sentiment que cela dit quelque chose du personnage.
Y a-t-il d'autres genres littéraires que tu aimerais explorer côté écriture ?
Oh oui. J'ai actuellement un projet de roman qui s'éloigne beaucoup de ce que je fais d'habitude. Il sera triste, mais moins dans la noirceur.
As-tu des projets, chère Solène ? Si oui, tu veux bien nous en dire plus?
Je viens de sortir Avec elle qui s'inscrit dans un projet commun avec une autre auteur, Amélie Antoine. Nous avons chacune écrit deux romans distincts (Avec elle et Sans elle) mais avec un même point de départ . Après quelques pages identiques, chaque texte prend un chemin différent. À travers ce projet, nous proposons au lecteur une nouvelle expérience de lecture.
Il y a ensuite Une bonne intention qui va sortir en librairie en mars prochain. J'ai hâte ! Et après, on verra...
Et pour mieux te connaître, quelle lectrice es-tu ?
Je suis une lectrice compulsive. Je lis de tout mais j'ai une grande prédilection pour les textes forts au style caractéristique. Parmi les livres qui m'ont laissé un souvenir impérissable ces derniers temps, il y a Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut et Au-revoir là-haut de Pierre Lemaître. J'aime aussi les romans qui mettent des mots sur notre réalité et permettent de mettre à distance notre système. J'ai par exemple adoré La maladroite d'Alexandre Seurat ou, plus récemment, Entre deux mondes d'Olivier Norek.
Tes passions dans la vie (autre que l'écriture) ?
Mon mari, ma fille, mon chien et la lecture !
Qui t'inspire ?
Ce que je lis, ce que je vois, ceux que je croise ou que j'ai croisés. Toute la vie est une source d'inspiration.
Et pour finir, ta Madeleine de Proust à toi, ce serait quoi ?
L'odeur du linge de ma grand-mère, un mélange de lavande et de... je ne sais même pas de quoi !
Enfin, tradition oblige, tu as carte blanche pour faire passer un message de ton choix (cri d'amour ou coup de gueule, c'est comme tu veux) :
Ça peut paraître cliché, mais ce qui me vient à l'esprit tout de suite, c'est un profond sentiment de gratitude envers les lecteurs et tous ceux qui permettent au livre d'exister. Depuis que j'ai la chance d'être invitée sur des salons, je me rends compte à quel point ils ont la passion de la lecture chevillée au corps. C'est donc un cri d'amour que je lance : merci merci et encore merci !
Merci à toi d'avoir accepté d'éclairer notre lanterne !
On te souhaite bonne chance pour le Prix !