FLEUR SAUVAGE/ACONITUM NE FANERONT PAS !
Malgré les chroniques en retard il y a des moments dans la vie où on doit choisir ses priorités.
Sauver une maison d'édition en fait partie quand, comme moi, on vit le livre comme une véritable passion et qu'on a la chance d'avoir intégré plusieurs maillons de la chaîne du livre.
L'heure est grave, et celles & ceux qui suivent ce blog savent quelle place de premier ordre tiennent les éditions Fleur Sauvage et leur label Aconitum. De nombreuses chroniques de leurs publications s'épanouissent ici depuis janvier 2016, date importante pour moi parce que le blog et David sont entrés en partenariat.
Oui, je n'ai pas peur de le dire, Fleur Sauvage a contribué à me faire entrer par la petite porte du monde du livre. Malgré des chroniques parfois mitigées mais toujours honnêtes et fouillées en profondeur, argumentées, il a toujours été là malgré un emploi du temps de fou. Avec Gaylord Kemp, j'ai eu la chance d'intégrer le comité de lecture d'Aconitum, certains de mes comptes rendu de lecture les ayant même motivé à publier les tapuscrits sur lesquels j'ai passé d'innombrables heures.
Alors oui, Fleur Sauvage/Aconitum c'est un peu ma famille. Ce sont des gens qui appartiennent à la même espèce que moi, avec lesquels je partage la même vision de la littérature noire, de cette littérature qui sort des sentier battus. Certains sont devenus des amis, et ce qui m'a toujours frappée c'est la bienveillance que partage tous les membres de cette grande famille qui n'a cessé de croître. Et puis cette même passion, cet attrait pour l'originalité, ces univers incroyables et la dénonciation des travers de notre société.
Certaines parutions de cette maison d'édition ont été des grosses claques (et je vous parle même pas des bêta-lectures qu'on m'a demandé). Il y a tellement de futures pépites prévues au programme si l'aventure se poursuit pour Fleur Sauvage !
Je me souviens avec émotion de la découverte de La Voie du Talion d'Alexandra Coin et d'Erik Kwapinski (Aconitum) et de Soul of London de Gaëlle Perrin-Guillet (Fleur Sauvage) qui ont été mes gros coups de coeur de l'année 2016. Et Criminal Loft puis tout récemment Majestic Murder d'Armelle Carbonel (Fleur Sauvage) ! Deux tueries !!!
Je ne vais pas tous les citer, et je ne les ai pas encore tous lu, mais je peux dire en toute honnêteté qu'il n'y a pas un seul de ces romans que j'ai foncièrement détesté. Il y a eu des nuances, des déceptions pour ma part, mais toujours des choses que j'ai aimé quand ça restait moyen... Et là je pense à l'une des dernières parutions d'Aconitum, Les Filles de la Déesse de Hugues Douriaux. Je l'ai lu il y a un an, et quelle émotion ! Moi qui suis une grande passionnée de la Fantasy, épique de préférence, j'ai été comblée par la lecture de ce livre ! Tout comme In Purgatorii de Johann Moulin, terrifiant et pesant, comme j'aime ! Et que dire de La Guilde des Merlins de Cendrine Nougué, qui m'a fait revivre des émotions similaires à celles que m'a donné Harry Potter !
Putain (oui je le dis haut et fort !), je ne peux pas croire que Fleur Sauvage disparaisse du paysage éditorial, elle qui a lancé tant de talents : Armelle Carbonel, Alexandra Coin, Cédric Cham, Fabio Mitchelli, Gaëlle Perrin-Guillet pour ne citer qu'eux ! Et ce petit raton détective, Carlton Heston, créé par Gaylord & Adeline Kemp... j'en ai tant vanté les mérites dans la librairie où je bosse, et espère bien découvrir d'autres aventures que Panique sur la Tamise... Ouais, j'adore Sherlock Holmes, et le voir adapté pour les touts petits, ça n'a pas de prix, surtout quand nos enfants peuvent apprendre plein de choses de manière ludique et plus important encore... cultiver le goût de la lecture.
Me reviens subitement en mémoire le prochain roman de Pierre Gaulon, La Brûlure des Anges. Cette couverture de Bertrand Binois, magnifique ! J'avais tellement adoré son histoire de zombies, Enragés... Ah.. Bertrand Binois, le graphiste, parlons-en ! Des couvertures toutes aussi splendides les unes que les autres. Tellement de couleurs, d'originalité et d'intelligence artistique dans ses compositions. Parce que la charte graphique de Fleur Sauvage fait partie composante de la renommée qu'elle a réussi à se construire. On avait d'ailleurs consacré un long article à ce talentueux artiste ici même...
Donc, non. Je suis certes loyale, mais avec Fleur Sauvage/Aconitum c'est plus qu'un coup de coeur littéraire. Oui, David a été le premier à me faire véritablement confiance. Il m'a encouragé sur le plan de l'écriture, même si de ce coté-là je travaille encore très dur et peaufine, prends le temps. Avec Gaylord, c'est un peu grâce à eux que j'ai pris conscience de la nécessité pour moi d'avoir un travail accès sur ma passion, et non pas un job alimentaire... ils m'ont amenée à me questionner là-dessus. Et puis l'autre petit miracle ça a été de succéder à Gaylord Kemp dans l'organisation des Mines Noires, le salon du polar de Noeux-Les-Mines dans lequel cette maison d'édition a toujours occupée la première place. Les Mines Noires sans eux ça n'est tout simplement pas envisageable... et je le dis ici, sans eux je n'aurais pas le coeur à organiser la prochaine édition. Encore une connexion avec ce salon, Yannick Dubart, qui avait remporté le concours de nouvelles de la toute première édition en 2015... plus de deux ans après, elle s'apprête à sortir son premier thriller chez Fleur Sauvage, La Fille qui se faisait des films, avec une couverture mortelle !!! Et on a d'autres surprises dans notre besace comme le lancement du Prix Découverte des Mines Noires. Fleur Sauvage a découvert pas mal de talents... il est inenvisageable de lancer ce prix sans au moins un de leurs nouveaux auteurs... Putain ! NON !
Et que dire de la suite de Soul of London, Black Past de Gaëlle Perrin-Guillet... on est tellement nombreux à vouloir retrouver Henri et Billy !
Donc un article un peu pêle-mêle dans lequel je ne suis aucune logique si ce n'est celle du coeur. Parce que j'ai mal, parce de voir l'engouement sur les réseaux sociaux suite à l'annonce de la terrible nouvelle hier soir me fait malgré tout chaud au coeur. Parce que je ne veux pas perdre ma famille. Parce que je les aime grave ces gens-là, cette bande d'auteurs avec lesquels on passe toujours des instants mémorables.
Alors, pour celles et ceux qui ne sont pas encore au courant, vous devez vous demander pourquoi cette maison d'édition est menacée d'extinction si elle est si bien que ça ? N'oubliez pas que Gérard Collard, le grand pape du noir, a encensé plusieurs romans de cette maison...
Ça n'est point un problème de ventes. Les ventes et la renommée de Fleur Sauvage sont en constante progression. Des prix tombent (pour Soul of London et Du barbelé sur le coeur rien que le mois dernier). Les manuscrits (et même d'auteurs confirmés) pleuvent. Non, cette situation désastreuse est le fait de personnes malhonnêtes étrangères à Fleur Sauvage et du naufrage du premier diffuseur. De la politique de fonctionnement d'un autre diffuseur... drastique et injuste. Je n'entre pas dans le détail, David Lecomte le fait bien mieux que moi sur le lien ci-dessous que je vous invite chaleureusement à consulter.
Ça n'est pas juste ! Le monde du livre est secoué par des crises à répétition : des libraires obligés de fermer non par parce que personne n'achète chez eux mais parce qu'ils sont tombés sur des connards de la pire espèce... et les politiques qui ne font rien pour arranger les choses.
Oui, je sais ce que vous allez vous dire, sans doute : que c'est encore à nous, les petites gens, de mettre la main à la pâte. Mais si nous ne bougeons pas, et ne montrons pas à quel point l'humain peut accomplir des merveilles lorsqu'il s'associe à d'autres, à quoi bon se battre ? Laisser tomber ? Non ! Sans maisons d'édition il n'y a rien. C'est la base. Pas de voyages, pas d'innombrables vies à vivre, pas de remise en question. Le néant. C'est ça que vous voulez ? Un monde dans lequel ne subsisteront que les grandes maisons d'édition mainstream ? Aux catalogues tous aussi insipides les uns que les autres ? Vous n'avez pas envie de rébellion, de marginalité, d'originalité ? Si ? Fleur Sauvage surfe depuis sa création sur cette vague. C'est indéniable. On ne peut pas dire le contraire. Et c'est pour ça qu'elle plaît de plus en plus : un ligne éditoriale qu'on ne retrouve pas ailleurs. Parfois imitée, jamais égalée !
Et pourtant, on ne vous demande pas de vous saigner : juste contribuer à la hauteur de vos moyens. Partager l'infos, acheter leurs livres ou faire un don. Plutôt que d'acheter chez les gros concurrents, consacrer votre budget livres à contribuer sur la cagnotte Ulule lancée ce jour. Il est impératif d'atteindre le palier ultime pour pérenniser la maison d'édition et lui donner le temps de trouver une solution plus viable. Et je suis persuadée qu'à unir ainsi nos forces, des solutions inattendues et ô combien salvatrices verront le jour.
Personnellement, le mois prochain, plutôt que d'acheter des livres (comme tous les mois) je contribuerai à la cagnotte, même si je galère, même si j'ai des meubles à acheter pour mon nouvel appart'... il y a des priorités comme je le disais plus tôt. Je pourrai acheter mes meubles plus tard, Fleur Sauvage n'a pas le luxe du temps, elle.
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Sauver les éditions Fleur Sauvage
Nous avons le regret de vous informer que, malgré une qualité éditoriale reconnue, les éditions Fleur Sauvage (et son label Aconitum) sont en danger. 2017 avait pourtant fort bien commencé : "...
Voilà donc ma petite contribution pour une maison d'édition que j'adore, pour certains d'entre eux qui sont devenus des amis et de fidèles compagnons de route que j'ai toujours grand plaisir à voir.
Même si je n'ai plus le temps pour le comité de lecture, je n'oublierai jamais d'où je viens et où sont mes racines : les fleurs sauvages, vous les connaissez. On vous a toujours dit que c'était de la mauvaise herbe, que ça empêchait les belles fleurs à la mode de pousser. Mais mon grand-père qui était un jardinier épatant m'a toujours dit que les fleurs sauvages avaient leur utilité dans un jardin. Plus tard, mes recherches en aromathérapie m'ont appris qu'elles avaient des propriétés très utiles pour notre santé, et puis après j'en ai semé et fait pousser parce que les trouvais belles. Si vous ne me croyez pas, regardez les propriété de l'Aconitum. Une plante qui a les deux côtés : elle peut tuer mais elle peut vous apaiser et vous calmer.
Pour que les opinions puissent s'exprimer librement, on a besoin d'entendre d'autres voix que les plus grosses, question d'harmonie. Et vous le savez comme moi, les plus gros vendeurs de livres ne sont pas toujours au top côté qualité.
Mon plaidoyer pour Fleur Sauvage s'arrête donc là. Je veux avoir foi en l'homme, me dire qu'on est capable d'autre chose que de bousiller le monde et tout ce qu'on touche, qu'on est capable d'accomplir des miracles et des prodiges. Qu'on va permettre à un tas d'artistes de ne pas se retrouver au chômage et orphelins...
Pensez-y...
Et partagez.
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
Vous pouvez maintenant reprendre une activité normale, les chroniques reviendront très prochainement. Au programme : Mör de Johana Gustawsson et Le Bal de ses nuits de Magali Le Maître. Encore une belle fleur sauvage, tiens...