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12 Dec

Homme / sweet home, un défi littéraire relevé par Benedict Mitchell

Publié par Benedict Mitchell  - Catégories :  #Les Maux

Une illustration de l'artiste polonais, Dream Traveler, intitulée " Dreamcatcher "

Une illustration de l'artiste polonais, Dream Traveler, intitulée " Dreamcatcher "

" On parle souvent de "l'univers" d'un auteur.
Faites appel à toute votre imagination pour dépeindre le vôtre. Singulier ou pluriel ? Confortable, inhospitalier ou même merveilleux ?

Aucune limite mais un impératif : faites-nous rêver, transportez-nous dans votre tan
ière. "

-> Encore un défi littéraire relevé sur Scribay ! ^^

Une plongée mi-introspection, mi-visionnaire, que vous serez libre d'interpréter à votre guise.

Fiction ou réalité ? Peu importe, la seule chose qui compte vraiment c'est ce que ce texte vous inspire, en fin de compte.

L'inspiration, toujours aussi féroce, impalpable, mystérieuse... et délicieuse !!!

" Née du souffle d'une mer vicieuse,
La bête vint avec la pluie.
Tombée sur ta peau laiteuse,
Une goutte rusée rampa dans ta
veine.

(...)

Maison, douce maison,
À l'intérieur de toi, rongeant tes o
s "

( Traduction libre de " Home Sweet Home " de Lindemann, 2015, © Till Lindemann )

**********

La dualité est le propre de l'existence, de notre passage sur terre, que nous soyons humain, animal, végétal ou même à l'état cellulaire. Un avant, un après. La vie, la mort. L'amour, la haine. La paix, la violence. Le jour, la nuit. Pas étonnant à ce que " porter un masque " soit presque devenu comme une sorte d'automatisme pour la plupart d'entre nous. Et pas étonnant non plus que la schizophrénie soit une " pathologie " typiquement humaine. Certes, il doit sans doute exister des exceptions dans le monde du vivant, mais bon, une cellule schizophrène, je n'en ai encore jamais entendu parler à ce jour...

Le monde et ses subtilités, ses vérités, dépassent le pauvre cerveau que nous parvenons à peine à maîtriser. Et encore, nous en ignorons tellement ses réelles capacités, et cela vaut sans doute mieux quand on voit quel virage a prit l'espèce humaine, depuis son apparition. Une espèce criminelle, qui a toujours eu à cœur de tout contrôler, de tout posséder, de tout détruire, au nom de la suprématie " humaine ", au nom d'une " intelligence " manifeste quand ce n'est pas au nom d'une idéologie (souvent religieuse, et par définition chimérique). Les statistiques parlent d'elles-même : l'homme est un parasite pour la planète, une forme de cancer très virulent. Il est l'espèce qui tue le plus au monde (tout genre confondu). Et en un temps record à l'échelle de l'univers, et de la vie... Fait encore plus surréaliste : cela semble ne plus choquer personne... enfin, si, pendant un court laps de temps, mais bon, c'est devenu tellement banal à force... et ça a fini par lasser, grâce à une société ultra modernisée et ultra centrée sur l'égocentrisme, le matérialisme, l'argent...

Alors, face à tout cela, comment ne pas être tenter par la fuite ? L'expatriation ? L'immigration ? L'exile ? La recherche d'un ailleurs, d'une autre société, d'un autre système plus centré sur la vie, le respect ? Comment ne pas avoir envie de prendre les armes (fusil ou stylo) pour mener le combat de toute une vie ? Caché derrière un masque de Guy Fawkes ou même un masque blanc, basique et neutre ? Comment parvenir à se regarder encore dans le miroir lorsque l'on reste silencieux, et par conséquent, lorsqu'on cautionne (en n'agissant pas) une telle mascarade ?

Depuis longtemps j'ai choisi de combattre, et d'utiliser, pour cela, mes armes. La violence physique n'ayant jamais rien résolu, j'ai opté pour autre chose... Et puis, on m'a souvent dit que l'intelligence, la culture, était les armes les plus efficaces. Le savoir, l'information, sont des armes redoutables, ce n'est pas pour rien que dans certaines parties du monde elles sont sévèrement punies, contrôlées, manipulées. Oui, un stylo peut tuer, suivant là où on a la malchance d'atterrir. Et qui sait, peut-être qu'un jour l'obscurantisme reviendra tous nous envahir... et nous asservira à jamais dans l'ignorance et la manipulation. L'humanité semble en prendre le chemin...

Pour l'heure, j'ai donc pris mon baluchon sous le bras et j'ai décidé de partir loin, très loin d'ici. Pourquoi ? Parce que je n'en pouvais plus, tout simplement. Et aussi parce que je n'avais pas envie de franchir la ligne et de commencer à tuer tous les pourris qui nous entourent, parce qu'à ce rythme-là je ne suis pas arrivée au bout de ma peine. Et puis, soyons pragmatique, s'il y a bien une chose pour laquelle l'homme est très très fort c'est qu'il sait très bien se détruire tout seul.

Chaussée de mon imagination fertile et inépuisable, de ma totale abnégation, de ma foi encore vierge de toute corruption matérialiste et cupide, de mes rêves & nobles idéaux, j'ai enfourché mon fidèle destrier et me suis élevée de toute cette fange purulente qu'on appelle désormais " la terre ". De là haut, de l'autre côté, je continue de vous observer, mais à travers mes jumelles cette fois. C'est drôle comme les choses, lorsqu'on s'en éloigne, peuvent apparaître plus éclatantes, plus vraies, et bien plus terrifiantes.

Hélas, on a beau tenter de vous envoyer des signaux, vous continuez inexorablement à rester aveugles ! Avez-vous oublié nos précurseurs comme Platon, Voltaire ? Avez-vous renié pour de bon vos ancêtres - ceux-là même qui se sont battus pour vos libertés ? Qui ont payé de leur vie pour que le Mal de déferle pas sur terre ?

Ne souhaitez-vous pas sortir de votre caverne et pouvoir enfin contempler la lumière du soleil et la beauté du monde ? N'avez-vous pas envie d'alléger votre cœur de toute cette haine de l'autre, cette soif de possession inutile, cet insatiable désir de pouvoir, cette bouillie pleine de miasmes que sont vos frustrations respectives ? Non, visiblement, vous n'en avez que faire. Du coup, j'ai installé mon campement de l'autre côté, guettant, prenant des notes, attendant ce moment fatidique - l'instant 0 - celui où le karma, le destin rétabliront l'ordre. Le jugement dernier viendra, c'est un élément naturel. Par le passé, nous l'avons déjà observé lorsque la terre était en situation de crise et avait atteint un point de non retour. Il n'est nullement question de religions ou de cultes quelconques, il s'agit juste d'un simple ordre des choses. Tout n'est qu'un cycle ! Lorsqu'une civilisation atteint son apogée, elle finit toujours par chuter, s'autodétruire, ou être supplantée par une autre. C'est écrit : nous ne sommes ici que pour un court instant. Nous naissons, nous vivons, nous accomplissons ou non de grandes choses, puis nous mourrons et en fonction de nos actions réalisées sur terre, d'autres choix, d'autres possibilités s'offrent à nous. Mais tout finit par être analysé et jugé, ailleurs...

De là où je suis, je n'ai pas à me plaindre. La vie est belle, même si le désespoir et la noirceur humaine sont mon lot quotidien. Hé oui, comme toujours, on s'habitue à tout. Le cynisme est devenu mon oxygène. Je dois avouer qu'à trop vouloir étudier l'homme, j'en suis venue à le haïr, même s'il y a toujours de rares exceptions lorsqu'il s'agit de voir son bon côté. J'ai bien peur, à terme, de ne plus pouvoir compter sur ces petits moments de béatitude ultime et orgasmique...

Plus le temps passe, là-bas, plus j'aspire à m'en éloigner, toujours plus loin, toujours plus haut. La tentation de faire l'autruche, de m'enfouir sous terre, n'est jamais bien loin et pour l'heure je résiste, je ne sais trop comment. Mais si une chose est certaine c'est que je n'ai plus envie de regarder le monde des hommes. Je préfère le miens, même s'il est bien différent du vôtre. Chez moi, dans mon " home sweet home ", nous sommes tous égaux. Les salauds finissent toujours par être rattrapés par des Nemesis vengeresses et impitoyables. Chez moi, les hommes montrent toujours leurs vrais visages : obsédés, sociopathes, criminels, barbares, psychopathes, pervers... Quand aux femmes, elles essayent de faire s'inverser cette sinistre symbiose, au profit de notre mère à tous, la nature... C'est ainsi, ça n'est pas forcément immuable, mais pour l'instant cela me convient tout à fait.

Puisqu'une seule voix ne peut pas faire changer les choses, j'aime à penser, malgré tout, que cette petite voix, presque inaudible, pourrait en faire germer de nouvelles... et de fil en aiguille, est né, dans mon cœur, le fol espoir qu'un jour, la goutte d'eau fasse déborder le vase... cela passera sûrement par la guerre, le sang et la violence (c'est sans doute inexorable), mais un Après est possible. C'est immuable. Tout comme le jour succède à la nuit, que de la mort naît la vie, un monde meilleur viendra... Quand ? Je n'ai malheureusement pas de réponses à vous apporter. Néanmoins je peux vous faire la promesse que si vous embarquez pour l'autre côté du miroir, vous ne pourrez pas être davantage déçu car ici, personne ne ment ! Même si c'est cru, brutal, violent, les choses sont telles qu'elles sont réellement, sans masque, sans artifices, sans fards, sans concessions. Et même si la tentation de détourner le regard est bien là, de même que de fermer les yeux pour se refuser à voir cette vérité si dérangeante pour vous, il est important, voir vital, de rester droit, et de regarder cette vérité les yeux dans les yeux, car il en va de notre salut à tous. Enfin... du vôtre plutôt, parce que de mon côté, je suis en phase avec moi-même !

Alors voilà à quoi ressemble mon monde. Il ne sourit pas toujours, ne fais pas de fausses promesses, ne milite pas pour un statut social quelconque et n'en a que faire du matérialisme ambiant. Le soleil n'y brille pas toujours non plus, c'est même tout le contraire car les ténèbres deviennent réconfortantes et protectrices à la longue. Les monstres y sont légion mais avec une bonne épée et une bonne torche enflammée on parvient à les repousser aisément, et même à les terrasser pour de bon, pour peu d'avoir du courage en stock. Il y fait froid, d'où la nécessité, pour survivre, de bouger, de se remuer constamment pour ne pas se faire surprendre par la froid, et toutes ces terrifiantes choses qui aiment se cacher dans l'obscurité. Chez moi, il faut être vigilant, être maître de ses sens. Les lâches et les couards n'y ont pas leur place, cela va de soi. Souvent, des portails vers d'autres dimensions infernales s'ouvrent juste sous vos pieds. Il faut savoir réagir et ne pas se laisser aspirer, car le mal attire la mal. Il n'est jamais bien loin, toujours blotti derrière quelque chose, tapi dans l'ombre et prêt à tendre une embuscade pour vous prendre et vous dévorer. Dans mon monde, le danger est omniprésent, on peut chuter dans un trou à chaque pas, on peut se laisser déborder à la moindre seconde d'inattention. Et puis, très important : là où je vis, il ne faut compter que sur soi-même et se méfier des voyageurs égarés qui prétendent, tout sourire, vouloir vous aider ou vous aimer. Il faut aussi se méfier de l'eau qui dort, du beau mirage qui ne demande qu'à vous attirer dans ses filets. La lumière peut aveugler mais les ténèbres peuvent aussi aspirer et dévorer. Si malgré tout cela, vous souhaitez tout de même entreprendre ce voyage périlleux - et c'est tout à votre honneur - sachez au moins qu'il vous changera à tout jamais, que vous ne reviendrez peut-être jamais là d'où vous venez. Vous n'en aurez peut-être pas envie, ou alors, vous vous perdrez. Ce voyage, initiatique, devra se faire à vos risques et périls. Soyez avertis, tout simplement.

Mais si vous partez à votre tour avec votre baluchon sous le bras, et que vous savez qui vous êtes vraiment, vous vivrez sans doute la plus belle expérience de votre vie.

Car comme l'a dit un très grand homme, un voyageur vit un millier de vies avant de mourir, celui qui ne voyage pas n'en vit qu'une. Par " voyager " entendez " lire "...

Merci George R.R. Martin.

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Chers aventuriers égarés, bienvenus dans mon royaume souterrain où le Chaos, les Ténèbres et la Folie sont les seuls maîtres à bord ...